Pour ce premier entretien de l’année 2019, nous avons interrogé Nicolas Decaudin, créateur du site et entreprise AvenueDesInvestisseurs.
L’entrepreneur

Nicolas Decaudin
Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant de lancer votre entreprise ?
Je travaille dans la gestion budgétaire. Mon associé (webmaster) est un scientifique travaillant à la croisée de l’informatique, de la physique et de la biologie. J’aime aussi l’informatique, la finance et internet. En lançant AvenueDesInvestisseurs, c’était l’occasion de diversifier mes activités dans un domaine que j’apprécie.
Quel est votre cursus ?
J’ai une maîtrise en finance-comptabilité. Mon associé a suivi un parcours universitaire en biochimie. Si l’on ne regarde que nos cursus, nous n’étions pas prédestinés à travailler dans le domaine de l’épargne et de l’investissement. Mais c’est la passion pour la finance et l’économie qui nous a réunis sur ce projet.
Comment vous est venue l’idée de créer AvenueDesInvestisseurs ?
AvenueDesInvestisseurs a été créé pour répondre aux attentes des nombreux épargnants français à la recherche d’informations permettant de mettre en œuvre une stratégie d’investissement efficace et adaptée aux objectifs financiers personnels de chacun. C’est ce que nous faisons déjà sur un forum d’épargnants depuis des années et nous avons décidé d’avoir notre propre site.
L’entreprise
AvenueDesInvestisseurs s’adresse à tous les épargnants, en particulier les résidents fiscaux français. Nous délivrons les informations clefs pour que chaque épargnant puisse organiser son épargne et optimiser le rendement de ses placements. Le monde de l’investissement évolue beaucoup en ce moment, avec l’émergence de nouvelles solutions d’investissement telles que les fonds d’investissement indiciels, les robo-advisors et l’arrivée de nouveaux acteurs de la gestion patrimoniale. De nouveaux acteurs de la Fintech proposent désormais de nouvelles solutions pour arbitrer ses placements de façon rationnelle en tirant partie de l’intelligence artificielle, de la big data et des dernières connaissances technologiques.
Pourquoi avez-vous choisi ce nom ?
AvenueDesInvestisseurs s’adresse à tous les investisseurs. Le site a vocation à répondre à tous les besoins de ces derniers, l’image de l’avenue nous semble bien représenter cette ambition. Une avenue est un lieu incontournable et très peuplé, nous souhaitons qu’il en soit de même pour AvenueDesInvestisseurs.
Quelles sont selon vous les innovations les plus marquantes dans votre secteur ?
Parmi les innovations évidentes de ces dernières années, il faut bien sûr parler des nouveaux services ayant pu émerger grâce à internet. Les investisseurs peuvent désormais directement souscrire et gérer leurs investissements en ligne : assurance-vie, broker en bourse, crowdfunding, etc. Depuis quelques années, il est même possible de faire appel à de véritables services de gestion de l’épargne sur mesure en ligne avec les robo-advisors. De plus, on peut suivre son patrimoine avec des agrégateurs de la FinTech.
Internet et ses nouveaux services associés ne sont pas les seules innovations, le secteur de la gestion d’actifs (fonds d’investissement) est également en pleine mutation. Les investisseurs se tournent désormais massivement vers les fonds d’investissement indiciels (trackers, alias ETF), offrant des performances moyennes supérieures aux fonds traditionnels.
D’une façon générale, nous vivons une époque formidable, internet permet des économies d’échelle inédites, permettant ainsi la démocratisation des services de gestion de patrimoine. En parallèle, on assiste également la rationalisation des stratégies d’investissement.
Expliquez-nous comment internet intervient dans le quotidien de l’investisseur ?
Je vois 4 actions que l’investisseur du XXIe siècle peut désormais effectuer directement sur internet au quotidien.
Tout d’abord, (1) la recherche d’informations. Cela n’a l’air de rien mais il faut se rappeler qu’avant l’arrivée d’internet, l’information était difficilement accessible, et réservée à quelques initiés. Si vous souhaitiez des informations sur les solutions d’épargne, vous n’aviez pas d’autres choix que de prendre rendez-vous avec votre banquier qui n’est pas un “conseiller” mais plutôt un commercial. Désormais, des informations détaillées et objectives sur toutes les classes d’actifs, même les plus exotiques, sont accessibles en quelques secondes sur internet.
Les nouvelles actions possibles concernent directement la gestion de ses économies. Tout d’abord, il y a (2) la gestion de son compte courant. Grâce aux banques en ligne, il n’est plus nécessaire de se déplacer en agence pour gérer ses finances. C’est un gain de temps non négligeable. Autre point fort : les banques en ligne sont également beaucoup moins chères que les banques traditionnelles.
Ensuite, internet permet également aux investisseurs (3) d’investir beaucoup plus facilement dans le monde. De nombreux épargnants n’hésitent plus à ouvrir un compte-titre et acheter des actions Américaines depuis l’interface de leur courtier. Il est même désormais possible de passer des ordres d’achat directement depuis son smartphone. Si les passages d’ordre sont simples et rapides, il n’en demeure pas moins qu’investir en direct dans des entreprises internationales exige quelques connaissances en finance.
Bonne nouvelle pour les personnes peu à l’aise avec l’investissement, les nouveaux acteurs de la FinTech ont également pensé à eux. Des (4) services de gestion déléguée de l’épargne ont vu leur apparition récemment. Yomoni, Wesave, Nalo. Ces noms de “robo advisors” ne vous disent peut-être rien, mais ils sont en train de révolutionner la gestion déléguée de l’épargne en ligne avec des assurances-vie en ligne qui représentent l’alliance de la banque privée et de la technologie
Concrètement, comment se traduisent les économies d’échelle que vous mentionnez plus haut ?
Les frais bancaires et les divers frais de gestion diminuent fortement. Ainsi, les banques en ligne offrent gratuitement les services de base tels que la gestion du compte et la mise à disposition d’une carte bancaire. Chez l’essentiel des banques en ligne, il est même possible d’obtenir gratuitement une carte premium (Visa Premier ou Mastercard Gold).
Du côté des courtiers en ligne, il est possible de passer des ordres d’achat sur les places boursières européennes et américaines pour seulement quelques euros. De plus, les frais de garde disparaissent.
Du côté de la gestion pilotée en ligne, les frais de gestion sous mandat passent nettement sous la barre des 1% (de l’ordre de 0,7-0,8%), ce qui est très en dessous des frais prélevés par les sociétés de gestion patrimoniale classiques ou les banques traditionnelles. Et sans frais sur versement ! Pareillement pour les assurances-vie en ligne en gestion libre, comme chez Linxea qui a bousculé les grandes banques traditionnelles.
De telles économies d’échelle sont permises grâce aux infrastructures technologiques déployées à grande échelle sur internet. Low cost mais high service !
Peut-on parler de démocratisation des services de gestion de patrimoine ?
Tout à fait. L’arrivée d’internet a permis l’émergence de nouveaux acteurs (Yomoni, WeSave, Nalo) dans la gestion de patrimoine sous mandat. Ces plateformes s’adressent à des personnes plutôt jeunes et à l’aise avec internet, souhaitant déléguer la gestion de leur épargne. Ce mode de gestion en ligne permet de faire baisser les coûts et de démocratiser des services autrefois réservés à une élite, c’est de la banque privée à bas coût.
Du côté de leur mode de gestion, ces entreprises s’appuient sur les robo advisors. Ce sont des algorithmes programmés pour allouer l’épargne vers les produits d’investissement offrant le meilleur couple risque/rendement. Pour cela, les algorithmes analysent des milliers de données et sélectionnent les meilleurs fonds d’investissement, généralement des fonds indiciels. Et avec des allocations personnalisées selon le profil du client.
Que sont les fonds indiciels et en quoi constituent-ils une avancée pour les investisseurs ?
S’agissant des produits financiers accessibles aux investisseurs ordinaires, la grande révolution en cours est l’émergence des fonds d’investissement indiciels (aussi appelés trackers ou ETF). Les trackers sont déjà très populaires aux Etats-Unis et ont commencé leur percée en Europe il y a quelques années.
Pourquoi ? Beaucoup d’investisseurs sont déçus des performances obtenues par les fonds d’investissement traditionnels. Ces fonds sont gérés par des bataillons d’analystes financiers, lesquels entraînent des frais de gestion élevés que la performance du fonds ne couvre pas. De telle sorte qu’une majorité de ces fonds d’investissement obtiennent des performances inférieures à leur indice de référence. Face à ce constat, les fonds indiciels sont devenus très populaires pour 2 raisons : leur performance est celle de l’indice boursier que le fonds cherche à reproduire, ni plus ni moins. Le second avantage des fonds indiciels réside dans la faiblesse des frais de gestion. Ils sont inférieurs à 0,30% pour les trackers les plus communs. Ainsi, sur le long terme, plus de 90 % des trackers battent les fonds actifs et il y a moins de risque de “se prendre les pieds dans le tapis” avec un tracker CAC 40 plutôt qu’avec un fonds actif investi sur la France.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre entreprise ?
Notre entreprise réalise une veille constante des solutions d’épargne et de la politique fiscale s’appliquant investisseurs français. De cette façon, les internautes consultant notre site internet accèdent aux meilleurs informations pour gérer leur épargne et les comparatifs de produits sont toujours à jour.
En quoi votre entreprise/votre produit/service est-il innovant ?
Contrairement à la plupart des acteurs de l’investissement (banques, société de gestion, etc), nous n’avons pas de biais de sélection sur les placements recommandés aux épargnants. De cette façon, nous pouvons réellement évaluer et donner un avis sur les différents placements et produits d’investissement en toute indépendance et objectivité. Nous sommes généralement nous-même clients des produits dont nous parlons.
Vos plus belles réussites ?
Nous sommes parvenus à proposer un service répondant pleinement aux questions de 95% des épargnants. Et nous avons illustré de façon pédagogique en graphique des concepts considérés compliqués, tels que l’allocation patrimoniale et la fiscalité de l’assurance-vie.
Où voyez-vous votre secteur/votre entreprise dans 5 ans ?
Nous allons continuer à offrir un service d’information à la pointe de l’innovation et de la performance. Dans les 5 années à venir, nous souhaitons également prendre le temps d’aborder des placements plus exotiques (crowdfunding, etc) et de fournir des informations toujours plus détaillées sur les solutions d’épargne déjà présentées sur le site internet (assurance-vie, bourse, immobilier, défiscalisation, etc.)
S’agissant du secteur de l’épargne, nous pensons que les nouveaux modes de gestion en ligne (sur internet) vont continuer à croître. Les jeunes générations sont à l’aise avec les nouvelles technologies et vont pouvoir profiter pleinement des performances et de la facilité d’utilisation des services de gestion pilotée et des courtiers (assurance-vie, bourse) en ligne.
Pensez-vous que les futures technologies vont influencer le fonctionnement ou les futurs produits de votre entreprise ?
C’est une évidence. Actuellement, nos services sont accessibles sur internet et consultables via un ordinateur ou un smartphone. On voit arriver depuis quelques mois des assistants personnels domestiques, consultables par commande vocale. Nous devrons nous adapter à ces nouvelles technologies et proposer un contenu audio accessible via ces nouveaux appareils.
La création
Comment avez-vous trouvé des financements ?
Notre modèle économique est capitalistiquement peu intense, nous avons pu financer le démarrage de l’activité avec nos propres fonds.
Et si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
Au cours des 12 premiers mois, nous avons acquis des connaissances plus précises sur les attentes de nos clients. Nous avons donc amélioré le contenu du site. En dehors de ces quelques ajustements, si c’était à refaire, nous ne changerions rien dans les grandes lignes.
Quelle forme juridique avez-vous choisi pour commencer ?
Pour le moment, l’activité est enregistrée en tant que micro-entreprise.
Vous êtes-vous fait accompagner ?
Nous sommes accompagnés par un ami expert du web pour toutes les problématiques liées à l’optimisation de l’audience du site internet. Pour le reste, j’ai déjà l’expérience de création d’une entreprise. Nous savons où nous allons et quels sont les leviers actionnables pour faire croître l’entreprise.
Quel moment a été le plus difficile ?
Le démarrage a été le plus difficile. Se faire une place sur internet n’est pas une chose facile. Cela requiert beaucoup de temps, d’énergie et de savoir-faire. Il faut de la patience et être persévérant. Il nous a fallu 4 mois avant de voir le trafic augmenter significativement…le temps que Google fasse notre connaissance.
Retour d’expérience
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui veulent monter une entreprise innovante/une startup ?
Il faut se lancer à 100%. Ne vous découragez pas au bout de 6 mois, il faut parfois plus longtemps pour évaluer le succès d’une entreprise.
Quelles ont été les difficultés rencontrées lors de votre lancement et au cours de votre parcours d’entrepreneur ?
L’acquisition d’une audience (via internet) est la mission la plus délicate. La compétition est très rude entre les différents médias d’information sur l’épargne. Il a fallu se démarquer et je pense que nous y sommes arrivés grâce à notre contenu pédagogique, nous avons un vrai guide sur l’épargne et le développement du patrimoine.
À titre personnel et/ou professionnel, quels sont les sites livre ou podcast que vous recommanderiez à des entrepreneurs ?
J’aime bien Peter Thiel, un entrepreneur et investisseur à succès. Mais de façon générale, nous n’avons pas de lecture ni de modèle de référence pour le développement de AvenueDesInvestisseurs.
Avez-vous beaucoup d’entrepreneurs autour de vous ?
Oui. Nous connaissons beaucoup d’autres entrepreneurs dans notre secteur. De toute taille. Ils sont une source de motivation et de soutien.
Quels sont vos passions et passe-temps ?
Hormis la finance et l’investissement en bourse, je m’intéresse également à l’Histoire et à l’informatique.
Le gens ont-il raison d’avoir peur de l’intelligence artificielle ?
L’intelligence artificielle est un formidable outil au service de l’Homme. Que ce soit dans la médecine, les transports, l’industrie ou la finance, les avancées technologiques que laisse entrevoir l’intelligence artificielle sont immenses.
Certaines personnes craignent que l’IA détruise des emplois. Mais si on prend un peu de recul, on constate que toutes les révolutions agricoles, industrielles et technologiques du passé n’ont pas entraîné de chômage comme certains le craignent. Que ce soir la mécanisation de l’agriculture, les métiers à tisser, l’automobile, etc. Toutes ces évolutions ont conduit à la création de nouveaux métiers compensant la disparition des anciens. Aussi, les nouveaux métiers sont généralement moins pénibles et moins physiques, ce qui est un progrès pour l’Homme.
En revanche, s’il doit y avoir une crainte, elle ne porte pas tant sur l’IA que sur l’utilisation qui en est faite.